A l'heure des métamorphoses, parfois ça meurt, souvent ça naît.
C'est un spectacle du genre tragique. Et sublime... Des larves,
par dizaines, viennent s'accrocher aux rochers pour donner vie à
leur plus belle forme. Elles ne laisseront comme vestige de leurs
mois aquatiques qu'une peau transparente. Un fantôme. Les
libellules qui volent dans l'air chaud savent-elles encore ce qu'elles
ont été? Elles ont si peu en commun avec la créature grise et
molle dont elles se sont extirpées. Et c'est pourtant bien elles: le
monstre carnassier et la belle aérienne, réunies dans une même
existence! Je me vois en elles. A cette heure-là, je ne suis rien de
plus ni de moins. Les drames altèrent ma joie, les miracles lui
rendent sa pureté. Là, une libellule s'envole, là, une larve sort de
l'eau, mais ici, c'est un être inachevé qui agonise et ne connaitra
pas l'été. La peine est contenue dans l'allégresse, il y a comme
une ombre au tableau. C'est ce qui fait le réel, la vraie beauté.
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