dimanche 29 juillet 2018

L'expérience de ne pas en faire







Une amie m'a dit un jour: "C'est bien qu'il y ait des femmes pour faire des enfants, 
et c'est bien qu'il y en ait d'autres pour les regarder faire." 
Je suis de celles-là.
J'aime regarder mes amies devenir mère. 
Elles incarnent le mystère que je n'ai pas choisi de sonder.
Moi, je plonge dans d'autres vertiges et explore d'autres eaux.
Pourtant j'ai un ventre, un utérus et tout le potentiel de donner naissance.
Et c'est à partir de là que je dessine.

Je pars du souvenir, de l'oubli ou de l'absence.
J'aime représenter l'été en hiver, la campagne dans mon atelier parisien, 
un visage quand il est absent, l'enfance quand elle n'est plus, à jamais 
et la naissance que j'ai vécue sans conscience.

Je pars de là, de ce qui m'échappe. Parce qu'on voit mieux les choses de loin peut-être.
Faire d'une expérience une image qui sonne juste implique de la compléter
par les sentiments, le manque, l'envie et par toutes les déformations de la mémoire. 
Il n'y a de vérité qu'au présent, mais il se vit et ne se représente pas.