mardi 24 avril 2018

Je vous aime







Ces dernières années, je suis éblouie par les femmes dans ma vie. C’est comme si mon regard s’était déplacé et que je pouvais les voir, enfin, telles qu’elles sont. 
Les liens tissés avec elles, du plus mince au plus fort, m’ont appris à être heureuse de ma féminité.
Certaines sont sorties du même ventre que moi, d’autres sont des soeurs d’âme. Chacune occupe une place particulière dans la construction de celle que je suis aujourd’hui. 
J’ai longtemps manqué de modèles, peu nombreuses sont celles dont l’Histoire a entretenu le mythe. Mais le temps présent se rattrape et mes modèles sont sous mes yeux, bien réelles:

Celle qui, sous des traits d’une douceur infinie, sait témoigner d’une puissance de titan. Rien ne lui est interdit: aucune vie, aucun amour, aucun pays… Le monde lui ouvre les bras et l’encourage comme un père.
Celle qui a le courage de sa singularité et que le regard des autres atteint sans l’arrêter. Elle écoute et sait accueillir toutes les étrangetés. Dans ses yeux, nul jugement. Elle nous ouvre à tous nos possibles.
Celle qui, fidèle à ses rêves d’ado, s’est construit un métier sur mesure. Petit à petit, elle a vu grandir sa progéniture et ses projets. Elle a su, tout en devenant adulte, rester une enfant.
Celle qui, partant d’ailleurs, a réussi à se faire une place là où elle l’avait choisi, en dépit des obstacles et des doutes. Elle fait preuve, sous des allures peu assurées, d’une immense ténacité.
Celle qui crée de la poésie comme elle respire, qui a le pouvoir de se connecter aux éléments et de les incarner. Elle fait naître les images de nos pensées les plus enfouies.
Celle qui est promise à un avenir radieux, elle affronte ses peurs, change de vie et bâtit son nid. En accord avec ses idéaux, elle écrit sa propre définition de la réussite. 
Celle qui n’a pas de frontières, qui va là où son coeur la porte. Habitée, elle traverse la vie avec intensité, entre douceur et violence, rires, larmes et sérénité. 
Celle qui, d’un pays lointain, a amené toute la sombre lumière. Ses yeux noirs nous traversent et voient clair en nous. Vous l’entendez approcher au son des clochettes de ses bracelets.
Celle qui prend sa place, parle, argumente, analyse. On l’écoute, entraînés dans ce flot de paroles si bien choisies, chaque mot posé, pesé. Elle nous apprend l’éloquence.
Celle qui, par pudeur peut-être, s’efforce d’emballer la réalité avec humour et malice. Elle maîtrise l’art de faire naître au coin des lèvres de ses interlocuteurs, un sourire plein d’attente. Fais-moi rire!
Celle qui, touchée par la plus douloureuse des épreuves, sait encore rendre grâce à la vie avec le courage des oiseaux.


Et celle qui, celles qui, et les autres…  qui viendront encore, je l’espère, enrichir mon existence.


Vous êtes mes héroïnes!







dimanche 22 avril 2018

Un dimanche à ressusciter les oiseaux



Il est 13h28, dimanche
J'ai déjà:
°découvert une nouvelle couleur préférée (laque havane en gouache linel)
°sauvé la vie d'un oiseau. 
(Il gisait sur le trottoir, les quatre fers en l'air. 
On l'a rentré chez nous, pensant qu'il serait bientôt
mort et qu'il ferait un beau modèle.
Une heure plus tard, il était frais comme un gardon et
cherchait à sortir par la fenêtre.)
°posé pour mon sculpteur à qui le modèle prévu
(un autre, pas l'oiseau ressuscité) avait fait faux bond.
°écouté avec un plaisir toujours neuf, les vestiges du chaos de Christophe.
°fait deux séries de crossfit tabata (8min de pompes, ados et co.)
°mangé du fromage de chèvre avec une lichette de vin rouge


 Hallelujah!






(Profitez-en donc pour écouter Leonard, 
vous n'aurez pas perdu votre journée!)





jeudi 19 avril 2018

Trois fois rien






Les hirondelles de ma fenêtre sont revenues. Le soleil aussi semble s’installer pour de bon. 
J’irais cueillir quelques cailloux tout à l’heure, avant que bronzeurs, visiteurs et constructeurs de châteaux de sables n’investissent le territoire. 
Me dérangent-ils? 
Disons que sans eux, mon rendez-vous avec la rivière est sans entrave. 
Quand les autres sont absents, le monde n’est que roche et soleil, sable, ciel, eau et gazouillis d’oiseaux. A l’arrivée des baigneurs, la nature s’éclipse. 
Moi qui aime disparaître, je deviens tout-à-coup visible, ma solitude voyante comme le nez au milieu du visage. 
Je vais là-bas pour me couler dans le paysage et ne plus sentir l'humain en moi, que la vie. Mais les autres ne cessent de nous refléter à leur image. 

Alors je me décale dans le temps. De bonne heure, sur une poche de sable confortable, je deviens pierre parmi les pierres, insecte, branche, fleur… Trois fois rien. Je ne suis rien et c’est bon. Je me repose de moi-même et de tous les miroirs du quotidien.