Ce sera une journée dedans. Un jour d'Automne emmitouflé, lovée dans
une veste de grosse laine trop grande pour moi. Ce sera rester là, n'enten-
dre que le glissement des pinceaux sur les feuilles, le tintement de leur man-
che contre le verre d'eau. Un temps de silence. Je serai seule, comblée par
le temps passé avec ceux que j'aime, je serai rassasiée. Ce sera un jour tendre,
tiède, doux comme une caresse. La lumière de la verrière éclaire à peine
le grand atelier. J'imagine que le ciel est gris, blanc. Je ne me déplace pas
pour vérifier. Rien ne bouge. Seul mon stylo se déplace tranquillement sur
la page quadrillée de mon cahier. Un mouvement minuscule dans cette
grande immobilité. Mon coeur aussi s'est calmé. Ma poitrine se soulève de
manière presque imperceptible. Je n'ose pas rompre cette belle tranquillité.
Sur la table, j'aperçois les encres d'hier et les petites choses d'automne cueil-
lies dans le parc de Bercy.Je les ai scrutées, observées et dessinées longue-
ment avant de les mettre de coté. Je n'en ai gardé que l'essence. Puis un corps
s'en est mêlé. Une femme s'y est glissée.